Normal People de Sally Rooney

Normal People de Sally Rooney

S’aimer, c’est se dévoiler.
J’ai cette phrase en tête en refermant ce livre.

S’aimer, c’est dire ses peurs, ses attentes et ses sentiments à l’autre. Exactement ce que ne parviennent pas à faire les deux héros de cette histoire.
Pourtant, l’alchimie entre eux est évidente. A l’image d’Un jour de David Nicholls où les deux protagonistes passent un temps fou à se trouver, Connell et Marianne passent 4 ans (et 320 pages) à se chercher. Parce qu’ils ne parviennent pas à s’extraire du qu’en dira-t-on, des non-dits, de leurs incertitudes et de leurs failles, parce qu’ils ne se parlent pas, ou mal, ils se loupent. On assiste, impuissant, à leur jeu du chat et de la souris dans un suspense constant. C’est si addictif qu’il est impossible de le lâcher.

Alors oui, la construction et le style de ce livre peuvent décontenancer. Les dialogues, par exemple, ne sont pas indiqués par des tirets. Mais personnellement c’est une originalité que j’ai beaucoup apprécié.
Et si l’on arrive à passer au dessus de ça, on plonge surtout dans une atmosphère particulière, avec une plume à la fois douce, vive et intelligente, des dialogues remarquables, et une finesse incroyable pour parler des sentiments.

Ce n’est pas tout à fait un coup de coeur, probablement à cause de certaines longueurs vers la fin et du fait que je l’ai involontairement comparé à Un jour (qui reste aujourd’hui encore mon plus gros coup de cœur livresque). Mais ça n’a en rien entaché mon plaisir de lecture.

Un million d’exemplaires vendus et une adaptation en série (que je vais m’empresser de regarder), de quoi vous inciter à sauter le pas, non ?

L’avez-vous lu ? Aimé ?

2 mai

2 mai

Un an de plus.
30 ans et des poussières.
Avoir toujours du mal à donner mon âge par peur du temps qui passe, mais n’avoir jamais été aussi bien dans ma peau.
Me prendre de moins en moins au sérieux.
Prendre de plus en plus conscience du bonheur d’être si bien entourée.

Merci à tous pour vos mots si doux.

Je trépigne

Je trépigne

C’est drôle, depuis que je sais qu’on va bientôt sortir de ce confinement, je n’ai jamais eu autant envie de voir des gens.
Je suis comme une enfant un matin de Noël. Je trépigne.

Alors que pendant un moment, ça m’a arrangé. Être solitaire, être coupée des autres comme les autres, ça me permettait d’écrire sans culpabiliser. De ne pas donner l’impression que je m’isolais.

Pendant longtemps, j’ai eu la certitude que pour être complète, j’avais besoin des autres. Besoin de leurs regards et de leur attention. S’ils étaient nombreux à m’entourer, ça voulait dire que j’étais aimée.

Le confinement m’a appris à vivre différemment. La passion de l’écriture est arrivée dans ma vie, ça fait un an maintenant que je fais quelque chose qui me plait vraiment. Et je ne me suis jamais sentie aussi complète. Aussi alignée avec moi-même. Aussi libre tout en étant enfermée.

Aujourd’hui, j’ai cette sensation que tout mon corps est en ébullition. Que tout ce que mon cerveau et mon coeur ont reçu ces douze derniers mois en plaisir, en confiance, en bienveillance, en amour… que tout doit sortir. Que c’est à moi de donner aux autres maintenant. Et qu’il est temps de sortir (un peu) de mon isolement.

Alors j’attends.

J’attends qu’on puisse tous enlever ces masques pour retrouver les sourires, les rires, j’attends de serrer des corps, de vivre la musique à plusieurs, j’attends les verres en terrasse, les soirées et les nuits.
J’attends comme une enfant un matin de Noël.
Et je sais pas vous, mais moi je trépigne !

Un résumé

Un résumé

Lundi, j’ai été interviewée.
Pour qui n’est pas encore le sujet (C’est le fameux truc fou dont j’ai parlé en story). Mais bientôt, bientôt.
La personne que j’ai eu au téléphone m’a fait parler de moi, de mon rapport à l’écriture, de mon 1er roman, et du 2e…
Je mets « … » parce que j’ai lutté. J’ai donné le prénom de l’héroïne, bafouillé les thèmes abordés, et j’ai fini par m’excuser d’être aussi peu préparée. Je sais de quoi je parle mais je ne sais pas l’expliquer. Un comble quand on sait le temps que j’y passe tous les jours.


J’ai donc fini par faire ce que j’aurai dû faire bien plus tôt : un résumé de mon roman.
Ça m’a fait douter quelques minutes. Je me suis dit : mais elle est où l’intrigue ? Elle est où l’accroche à mettre en 4e de couverture qui va donner envie aux lecteurs de découvrir cette histoire ? J’avais l’impression qu’il n’y en avait pas. Qu’il s’agissait juste d’un parcours de vie mais sans but. Je me suis mise à paniquer, à remettre en question toute l’écriture de cette histoire… La vérité, c’est que j’avais tellement le nez dedans que j’avais presque oublié l’idée du départ. Parce qu’une intrigue, il y en a une ! Elle est là depuis le premier mot posé sur mon ordinateur. Mais je l’avais oublié. Je n’avais plus ce recul nécessaire, cette vision d’ensemble du projet.

Il y a deux soirs, j’ai donc posé mon ordinateur et repris mon calepin. J’ai écrit à la main. Et en quelques minutes, le résumé était posé.
Je me suis fait une nouvelle fois la réflexion que j’aurai dû le faire avant. Que ça m’aurait probablement permis de ne pas tant m’éloigner de mon but.
Mais je vois aussi le côté positif des choses : certes, j’ai écrit beaucoup de scènes inutiles, mais ça me permettra de ne garder que le meilleur. Certes, je tâtonne encore un peu parfois, mais j’apprends.

Enfin, comme à l’époque où trouver le titre de mon 1er roman m’avait aidé à donner un peu plus de profondeur au récit, trouver le résumé de ce 2e roman (et valider son titre !) va m’aider à orienter mon récit.

Déjà 5 mois que je travaille sur cette histoire. Et je n’ai jamais été aussi près du but.

Le 20 avril 2020

Le 20 avril 2020

Il y a tout pile 1 an aujourd’hui, on était en plein premier confinement. Quasiment au chômage total, j’avais usé le rôle de la parfaite femme au foyer jusqu’à l’os. Reine des gâteaux, reine de l’école à la maison, reine du tri dans les jouets, reine des DiY et des réaménagements déco, reine des travaux qu’on faisait en se disant « tant qu’à faire »… reine de l’occupation à tout prix.

Il y a tout pile 1 an aujourd’hui, je commençais à m’emmerder sévère. Parce qu’être à la maison et m’occuper des enfants, ça n’a jamais été pour moi. Mon truc, c’était l’enchainement de projets pro, la vie qui défile à une vitesse folle, les rares dimanches à la maison où on se félicitait de ne jamais y être.

Il y a tout pile 1 an aujourd’hui, mon mec s’est inquiété de me voir dormir autant. Je lui ai répondu que j’étais fatiguée. Ne rien faire, c’est aussi épuisant que de courir tout le temps.
Il m’a demandé ce que j’avais envie de faire et que je n’avais jamais pris le temps de faire avant. J’ai répondu « un roman », mais j’ai tout de suite freiné l’excitation dans son regard en disant qu’il était hors de question que je perde mon temps à faire un truc qui n’aboutirait à rien. J’ai toujours eu un rapport compliqué au temps.
Il a passé plusieurs minutes à essayer de me convaincre, comme s’il tentait d’avoir une faveur alors que c’était à moi qu’il la faisait. Je me souviens, on était dans notre jardin, j’ai haussé les épaules et je suis allée prendre une douche. En sortant, j’ai attrapé un carnet et je me suis assise en tailleur sur le parquet pour écrire le plan de ce qui deviendrait mon premier roman. Quelques minutes plus tard, il prenait une photo de moi et me l’envoyait par sms avec ce texte : « c’est beau une femme qui réalise ses rêves ». Ce que j’ai pris pour une plaisanterie ne l’était pas. Il y avait cru bien avant moi.

Il y a tout pile 1 an aujourd’hui, je ne savais pas ce qui m’attendait ni ce que cette conversation déverrouillerait en moi. J’étais loin d’imaginer la place que l’écriture prendrait dans ma vie et le chemin que j’emprunterai jusqu’à aujourd’hui.

Il y a 1 an, je me mettais à écrire, et ça a tout changé.